La belle Histoire de Jeanne Lompo

6 Mai 2020

Je viens de l’est du pays, du BURKINA FASO, vers FADA, née dans la province de TAPOA ,département de LOGOBOU en 1969. Mon père était un ancien combattant de la guerre d’Algérie et ma mère cultivatrice. Je suis allée à l’école à l’âge de 10 ans. « On m’avait déjà oublié  » pour me mettre à l’école !!!

A l’âge de 16 ans, mon papa m’a présenté un « MONSIEUR » pour me donner en Mariage , mais m’avait assuré que je pourrai continuer ma scolarité. A 17 ans j’étais déjà mariée et à 18 ans j’ai eu ma première fille, la scolarité n’était plus d’actualité, car mon mari qui était militaire à l’époque avait un petit salaire, qui suffisait à peine à gérer une femme et un enfant. J’ai commencé à tisser grâce à une voisine qui m’a appris.

Mon mari va être muté pour 6 mois à Bobo – Dioulasso pour être caporal et avec la petite somme d’argent qu’il me verse tous les mois , je vais pouvoir économiser et m’acheter mon premier métier à tisser en bois. Ma vie avec le Dan Fani  » pagne tissé » a commencé à ce moment là !!

J’avais pu fabriquer un pagne, l’offrir à mon mari et lui montrer que j’étais capable d’en faire un métier. Mais avant de vivre du tissage et de ma passion, beaucoup d’années , de souffrances, de persévérance, de travail, se sont écoulés, tout en élevant mes 4 enfants. Je vais faire plein de petits boulots ( vendre du bois, faire du commerce, du nettoyage) pour être une femme Autonome et indépendante.

Dans le cadre du nettoyage des bureaux, je vais rencontrer une Américaine; « ROSE »,  « La vierge Marie » !!!
Une dame extraordinaire, qui est plus qu’une maman pour moi. C’est grâce à elle en 2003/2004 que mon aventure du DAN FANI commence. En travaillant chez elle en tant que femme de ménage, nous allons échanger sur le métier du tissage, elle va découvrir mes compétences en la matière, et ma créativité . Nous allons créer les premiers Sets de table en façon FASO DAN FANI du BURKINA FASO . Je serais la première productrice des sets de table tissé à la main.
Elle va m’encourager , me soutenir à monter ma petite entreprise, a devenir autonome financièrement.

Grace à mes économies, mon travail, la persévérance, que « ROSE » m’a transmis , en MARS 2007, je vais pouvoir construire ma petite boutique, exposer mes créations en DAN FANI et installer une cabine téléphonique.
J’inviterai « ROSE » à la maison, et elle n’en croira pas ses yeux !!
– Jeanne comment tu as fait ?
-J’ai fait comme tu m’a appris Rose ! , j’ai cotisé !!
Après le décès de mon mari, mes deux filles Eugénie et Claire se sont impliquées dans l’entreprise.  

« FASO BEAUTEX » 

L’entreprise c’est agrandie, nous avons 15 métiers à tisser, 15 jeunes, des filles et des garçons en apprentissage.
Nous venons d’ouvrir une nouvelle boutique. Rose est rentrée aux États Unis, nous sommes toujours en contact.

Ce qui me tiens le plus à cœur c’est de transmettre aux autres femmes qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école ,mon expérience, l’envie de se battre, de réussir, de gagner leur autonomie.

« Les échecs, ce n’est pas la fin du monde », on peut réussir , si on est courageux, battant.

Jeanne est une femme battante, une femme « capable »!! qui a réussi à créer une entreprise familiale, avec des valeurs et un savoir faire Artisanal, de son pays et surtout qui a su mettre en valeur et apporter une touche artistique dans le tissage ancestrale du BURKINA FASO.

Je suis impatiente de retrouver Jeanne dans sa nouvelle boutique à OUAGADOUGOU et partager nos valeurs communes.